Malawi

Superficie: 118 484 Km2 mais la majeure partie sous les eaux du lac Malawi !

Population: 10 640 000 habitants

Densité: 107 hab./Km², ce qui explique qu’il y ait autant de gens partout !

Langues officielles : Chewa, et Anglais

Langues parlées : Chewa, Lomwe, Yao, et Tumbuka

Religions : Animisme (3 000 000), Christianisme (2 400 000), et Islam (700 000) ;

en effet, nous croisons maintenant mosquées, femmes voilées et hommes en tuniques blanches, coiffés du kofia.   

Principales villes : Lilongwe, Blantyre, Mzuzu, Zomba, Karonga, Nkhotakota

Point culminant : le Mlanje Sapitwa à 3002 mètres

 

 

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Cette fois-ci, pas besoin de Visa et les frais occasionnés sont minimes (15 €). Nous passons malgré tout, deux bonnes heures à négocier le taux de change avec des gars de la rue comme si nous étions pris en otage car les autorités nous demandent de payer en Mala Kwachas mais aucun bureau de change… Les gars nous font un bon taux « touriste ». Même chose pour l’assurance (obligatoire au Malawi) qui est annoncée à 6000 MK, négociée à 3000 MK, et, là encore, on ne comprend pas tout : après avoir payé, les filles, à la nonchalance absolue, nous rendent 1000 MK… « Discount » !

Nos premières impressions du Malawi : comme en Zambie, du monde partout, mais là, encore plus ! La population est encore plus souriante et accueillante. Les paysages encore plus verdoyants.

Direction la capitale : Lilongwe où, comme des chefs, nous trouvons le camping de la ville au nom prometteur : Le  « Superior Golf Club Campsite ». Il ne décrocherait même pas une étoile en France mais on s’en contente. Nous sommes au milieu des terrains de golf où jouent les Blancs pendant que les Noirs portent les clubs et courent ramasser les baballes !

Le soir, nous fêtons notre passage sans encombres de la frontière avec un petit restau indien (où le petit patron met un coup de massue sur la tête de ses employés quand ils donnent une réponse fausse ou erronée aux clients, les serveurs, pourtant africains, répondent donc ici expressément par oui ou par non !!! Délire entre nous…). Bonne bouffe !

Et quelle surprise, au petit matin, de voir Stan arriver au volant de son magnifique et fidèle tracteur Ford !!! Il nous avait promis qu’il nous rejoindrait en Afrique mais de là à nous retrouver directement au camping et qui plus est, en tracteur…

 

 

J 82

 

            On a bien compris que les villes allaient se faire de plus en plus rares et toujours plus petites, même si ce sont des capitales ! On profite donc de Lilongwe pour aller sur internet et retirer de l’argent. Mais encore une fois, mission impossible ! On finit au bureau de change où l’on achète en dollars des mala kwachas à partir d’un paiement par carte bleue qui se fait par communication téléphonique avec le Kenya !!!

Non contents de ne pas avoir attrapé de turista après le restau indien, nous tentons un restau arabe, l’Ali Baba. En effet, nous remarquons ici la présence beaucoup plus marquée des musulmans. D’ailleurs, nous avons été réveillé par les chants d’appel à la prière à 5h00 du matin. Au restau, ils mangent tous avec les doigts… Nous mangeons en regardant le spectacle des vendeurs de rue, des camions sur-sur-surchargés (!), des bus des années 60 bondés et dans un vacarme incroyable, dominé par le prêche d’un homme qui hurle « alléluia » dans son mégaphone…

On nous prévient d’avoir le plein avant de partir pour remonter le lac Malawi. On est un peu refroidi par le prix de l’essence que l’on nous avait annoncé beaucoup moins cher ici… Il faut quand même compter 0,92 € / litre.

On quitte tardivement Lilongwe, ce qui nous vaut d’arriver à la nuit à Salima. On cherche le camping « Cool Runnings » à Senga Bay que de nombreux voyageurs nous ont indiqué. En effet, très sympa !

 

J 83

 

            Journée au bord de l’immense lac Malawi, le « lac calendrier » car il fait 365 miles de long (nombre de jours dans l’année) - soit quand même 587 mètres ! -, 52 miles de large (nombre de semaines) – soit 84 mètres de large- ; et il est alimenté par 12 fleuves (nombre de semaines dans l’année). C’est ainsi le 3ème plus grand lac d’Afrique et le 9ème du monde ! Quand à la profondeur, elle varie car la faille du Rift (en constante mutation) passe au milieu du lac ! Autour de 170 mètres de profondeur. Ce qui est le plus impressionnant, ce sont les vagues… Il s’agit d’un lac d’eau douce mais le vent du sud, le « Nium Wera » provoque de véritables vagues qui permettent de faire du body-board ou du kite-surf !

Au camping, nous tapons ce blog… jusqu’à ce que, véritable coïncidence : nous tombons sur Chris et Lara. Ils ont pris en stop une bande de gais lurons, cinq Sud-Af. style Bob Marley… Quelle équipe ! On va se baigner dans le lac qui ressemble à s’y méprendre à la Méditerranée ! Avec ses vagues, ses îles, ses plages, son lagon… Ses barques, ses mokoros de pêcheurs et l’odeur du poisson pêché !

Le soir justement : poisson du lac cuisiné ! On goûte au célèbre « Chambo », l’un des nombreux poissons endémiques du lac Malawi de la famille des brèmes ; à ne pas confondre avec la « Chamba » que l’on nous propose sur la plage, mais qui, elle, se fume (marijuana)! Soirée dégentée avec la bande de Sud-Af qui sont bien émêchés, une jeune Anglaise qui a amené sa petite guitare… Ce sera l’occasion d’une soirée musique et chant avec notamment Céd à la guitare qui nous offre une nouvelle version des Pink Floyd et pour toute chanson, nouvelles paroles assurées par la clique ; et si ça ne rime pas en anglais, ils vous les font en afrikaans ! Aucun soucis ! Ca en jette ! On se couche bien tard…

 

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Au Cool Runnings, c’est cooool ! On s’y sent vraiment bien. Cadre magnifique. Plage de rêve, baignade avec les enfants du village. Et comme Chris est parti en solo faire la traversée jusque l’île en face de la plage, Cédric part battre le record. 2800 mètres… Retour en mokoro, c’est Chris qui est parti en sauveur le récupérer ! L’aller-retour, ça aurait fait beaucoup ! Beaux coups de soleil mais content !

Le soir, sur l’idée de Chris, braai (barbecue) de poissons pêchés et cuits sur la plage par une bande de jeunes du village. Ils se sont vraiment appliqués. On se régale et on n’est même pas malade ! Ils nous passent un bol d’eau en début de repas qui tourne de mains en mains ; c’est pour se rincer les doigts… Et ensuite, tout le monde mange avec les doigts ! On va discrètement chercher nos fourchettes… Il fait noir, on ne se fait pas remarquer… On veut manger local et respecter les coutumes du pays mais pas non plus tout faire pour passer les prochains jours sur le trône… Surtout qu’au camping, les portes des toilettes sont tellement petites qu’une fois fermées, on nous voit les pieds et la tête !

Tous assis en tailleur sur la plage, autour du feu, à manger les excellents poissons grillés… Nos « cuisiniers » africains nous chantent même quelques airs traditionnels ! Avant de nous inviter au Night club hyper branché du village !!! C’est l’occasion ! Avec Chris, Lara et la clique, nous nous retrouvons ainsi au cœur du cœur de l’Afrique profonde ! Le fait d’être nombreux nous offre cette opportunité de bénéficier d’une sortie nocturne contre-indiquée d’habitude… Très bonne ambiance, la musique braille avec une puissance digne d’un radio-réveil et une télévision déverse les clips locaux : les chanteurs ont l’allure des Jackson’s Five, remuent des fesses à nous tordre de rire dans des décors superposés digne des années 70… On sent qu’ils ne voient pas souvent de Blancs ici mais qu’ils sont flattés et fiers.  Dehors, grillades de … pattes de poulets !!! Ils semblent adorer ça… recrachent d’abord les ongles puis se régalent ! Ils veulent nous faire goûter mais… sans façon. Ils ne comprennent pas… Alors on leur parle des escargots et des cuisses de grenouilles que l’on mange en France !!! Ca marche à tous les coups : ils n’en reviennent pas et comprennent que quand on n’est pas habitué…

 

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On devait partir… avant que Cédric ne mette le nez dans le moteur… Marguerite se laisse un peu aller : relâchement de visses… Heureusement que Cédric la surveille de près : tentative de se délester de la clim et du moteur ! Bricolage avec Chris qui est équipé jusqu’aux dents. Puis, sur la plage, marchandage et achat de peintures africaines à Choccolate et sa bande ! Je négocie tant qu’ils me demandent : « He, my sister, did you make a school for bargaining ? », à savoir si j’ai fait une école de marchandage en Europe !

 

 

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On finit quand même par quitter ce havre de paix, Sam et toute son équipe (staff) bien sympa ! Petite famille ! Route vers le nord, en longeant le lac. Nuit au camping Kande Beach, certes beaucoup d’overlands mais… au bord du lac, les roues dans le sable, bercés par le clapotis des vagues… On peut difficilement faire plus idyllique !

Petit-déj pris au restau du camping où la bibliothèque a été aménagée dans un Land Rover (sympa mais décevant question cuisine).

Au quotidien, nous faisons attention à bien laver (au liquide vaisselle) les fruits et légumes que nous achetons ; ce qui nous permet de manger des produits frais (tomates etc). De même, nous avons sorti la lotion alcoolisée pour les mains (qu’ils serrent constamment ici en signe de bienvenue).

 

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Petit marché sur la route, ça y est, on s’achète notre manioc (muhogo) que Cédric cuisine ! Quelques kilomètres et c’est le Chinteche Inn qui nous reçoit ; on croyait avoir atteint le summum hier mais c’est encore plus paradisiaque… Les photos parlent d’elles-mêmes … Que dire de plus ? Que les patrons australiens sont très sympas et que l’on mange délicieusement bien dans leur restau. au bord de l’eau, aux chandelles… Le plat traditionnel est toujours cette purée de maïs, semblable à la polenta, appelée « ugali » mais qui porte différents noms selon les pays et les régions. Plutôt insipide, elle est traditionnellement servie avec un « curry », ragoût plus relevé (semblable au carry réunionnais). Dans l’ensemble, nous nous rendons compte que la cuisine réunionnaise tient ses origines d’Afrique (et d’Inde). Nous retrouvons ainsi le « riz masala » (massalé), les « sambusa » (samoussas)… Le petit dessert au caramel restera gravé dans nos mémoires pour longtemps !

 

 

 

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Route toujours le long du lac Malawi, vers le nord. Des villages tout au long de la route où le poisson sèche au soleil, dégageant parfois des odeurs très difficiles… Impossible de trouver un coin isolé pour pique-niquer ! Du monde partout sur les routes, à pieds, à vélo ou en charrettes tirées par les zébus… Les femmes sont impressionnantes : elles portent tout sur leur tête, valises, bananes, sceaux d’eau et des sacs allant jusqu’à 50 kilos ! Sans compter le systématique bébé attaché dans le dos ! Sam nous a expliqué que si ce sont les femmes qui portent tout, c’est parce que les hommes doivent toujours être prêts à les protéger en cas d’attaque d’animaux sauvages… Je ne suis qu’à demi convaincue… Que culturellement, ce soit l’explication, je veux bien, mais qui les protège toutes ces fois où on les voit seules avec leur bébé et tout leur chargement ?

Je crois que la femme africaine est particulièrement forte et courageuse…Culturellement, il ne faut en tout cas pas s’attendre ici à la galanterie toute occidentale qui veut qu’un homme laisse passer la femme en premier… Et oui, ici ça signifierait : « vas te faire bouffer en premier !!! » Sam nous a également parlé des mœurs sexuelles dans le pays et dans son village… La femme n’est culturellement pas sensée prendre du plaisir pendant l’acte ; mais bien plutôt là pour donner du plaisir à l’homme… C’est ainsi que les rapports « à sec » (« dry sex ») – désolé, c’est ainsi que l’on nous en a parlé – sont culturellement de mise… Amenant les filles à se mettre des herbes et même du sel dans le vagin pour être toujours sèches… Ce sont les mères qui l’apprennent à leurs filles et, ici, personne ne s’en choque !

De même que l’on nous raconte que les pêcheurs pratiquent encore les sacrifices humains pour honorer les ancêtres du lac afin qu’ils acceptent une nouvelle embarcation ou l’acquisition de nouveaux filets… C’est le médecin-sorcier du village qui donne au pêcheur et père de famille une potion à mettre quotidiennement dans la nourriture du membre de la famille le plus vieux ou le plus faible (poids pour la famille), jusqu’à ce qu’il décède… Puis, mystère, Sam dit ne pas pouvoir savoir si c’est ensuite le sang ou carrément le corps qui est offert en sacrifice au lac, lieu où reposent tous les ancêtres… En tout cas, elle nous raconte plusieurs histoires qui montrent à quel point le village est hiérarchisé et totalement sous l’égide du chef et du médecin-sorcier… Un autre monde ! Une autre culture !

 

Longue route par Mzuzu qui nous fait quitter le lac pour rentrer dans les terres et les hauts plateaux (Monts à 2057  et 2606 mètres). Région montagneuse à la végétation luxuriante. La spécialité vendue en bord de route est une espèce de balle tressée en vannerie et qui rebondit incroyablement ! On s’arrête pour en acheter une, ils accourent de tous côtés mais, soudain, une telle odeur nous assaille les narines… Provient-elle de ces balles ou des vendeurs eux-mêmes ? Nous ne pouvons pas prendre le risque !

     Ici, la nature est beaucoup plus généreuse et offre avocats, bananes, oranges, pamplemousses, citrons que l’on achète trois Francs six Sous. C’est déjà la tombée de la nuit et l’on se met à la recherche de la Mushroom Farm que l’on nous a conseillée. On redescend sur le lac avec un passager suppléméntaire (échange d’un renseignement contre un lift) avant d’attaquer l’ignoble « piste aux 20 épingles » menant à la fameuse ferme aux champignons de Livingstonia. Nous arrivons dans le noir dans un nouveau TDCDM ; quelque peu déçus car l’intérêt du site est de camper sur de rares emplacements à flancs de falaises mais accessibles qu’à pieds. Nous devons donc rester sur un « parking » seuls et loin de « tout » ; même si ce « tout » se réduit à des substituts de sanitaires ! Bonne cuisine « maison », nous goûtons le riz biryani et leur excellent pain fait maison qui nous donne la nostalgie du bon pain de Caylou… Par contre, la soupe est aux tomates et aux cailloux ! Maison !

 

 

J 89

Cette fois, ce sont les chiens du camping qui montent la garde au point que les employés ne peuvent pas s’approcher de Marguerite ! Décidément, nous avons la fibre animale… Et, encore mieux, ils chassent les babouins qui s’approchent de plus en plus de notre petit déjeuner ! Ils détalent dans un vacarme de hurlements. Nous faisons une petite rando, toujours accompagnés des chiens, pour aller visiter les chutes de Manchewe que nous trouvons à l’aide d’un villageois qui s’improvise guide. Belle chute d’eau que l’on aborde en passant derrière le voile de la cascade. Puis, petite baignade dans le cours d’eau qui l’alimente. Nous reprenons ensuite la route pour redescendre et camper au bord du lac mais le Chitimba Camp est décevant.

Quelques « curiosités » sur la route : ici, si l’on a perdu une chaussure, on profite quand même de celle qui reste ! Sinon, il est très étrange de voir un enfant albinos dans les bras d’une mère noire. Enfin, il faut bien s’imaginer que les handicapés ne sont pas en structures comme « chez nous » ; nous voyons ainsi des scènes d’un autre monde !

 

 

J 90

            Grosse journée, on a du pain sur la planche ! Nous devons rejoindre Karonga (100 Kms), y retirer de l’argent, faire quelques courses (sommaires car il n’y a presque rien) et surtout passer la frontière tanzanienne à 45 Kms de là. Sur la route, côté Malawi, les barrages de police sont aussi nombreux qu’inexpliqués et l’on sent bien que le bakchich n’est pas loin, même si jusqu’aujourd’hui, nous n’avons jamais eu à donner quoique ce soit. Les agents nous demandent quand même magazines et carrément de la « ganga » !!! La route se passe bien mais ça se complique très vite avec la banque… L’apogée se situe à Sorgwe, la frontière. Certes rien à voir avec la frontière zambienne mais les Tanzaniens sont pas mal dans leur genre, à exiger le paiement des visas et du permis d’importation temporaire (visa de Marguerite !) en dollars américains uniquement. Nous avons cru bien faire en changeant tous nos Kwachas en Shilling Tanzaniens, la monnaie du pays… Il ne nous reste plus qu’à les changer de nouveau, en US $ cette fois ! Et donc perdre et reperdre aux changes… Mais désormais, « plus de problème ! », puisqu’on est dans le pays de « Hakuna matata » !

 

Au revoir Malawi, tu nous as enchanté !!!